Tout au long de son histoire, le Salon Réalités Nouvelles a été, pour de jeunes artistes, le lieu des premières confrontations avec le milieu de l’art.
Depuis 2008, le comité des Réalités Nouvelles invite, avec le soutien de l’ADAGP et de la Copie privée, une sélection de jeunes artistes récemment diplômé∙e∙s et/ou encore en école d’art ou en université.
Cette 77e édition est à nouveau l’occasion d’inviter de jeunes artistes récemment diplômé∙e∙s, principalement des Beaux-Arts de Paris, à proposer leurs recherches dans l’espace du Salon. Dans le même temps, une exposition collective leur est également proposée dans l’espace de la Galerie Abstract Project, du 19 au 21 et du 25 au 28 octobre 2023.
Louis MEYER
Né en 1994.
Diplômé des Beaux-Arts de Paris, DNSAP, atelier Dominique Figarella, en 2020.
Sans titre (drip), 2020, huile sur toile, polystyrène fondu et polystyrène, 151 × 95 × 20 cm © Louis Meyer
« Dans le travail de Louis Meyer, la sculpture et la peinture se pensent dans toute leur complémentarité, l’une venant systématiquement soutenir l’autre, dans des constructions simultanées qui refusent une typologie stricte. Si ses toiles semblent abstraites, avec des compositions gestuelles nerveuses, le corporel se réinvite toujours par des volumes qui contaminent l’ensemble : parfois, c’est un morceau de polystyrène fondu qui dégouline sur l’huile, ailleurs, c’est un socle ou une maquette qui surgissent de la surface. Louis Meyer ne cherche pas à le masquer : ses gestes sculpturaux n’hésitent pas à être violents – il brûle, troue, asperge. Toutefois, le sacré n’est jamais très loin : ses œuvres rappellent des autels ou des stèles. Sur certaines d’entre elles, un mystérieux buste revient comme une sorte de Vénus primitive, précieux et minuscule. Mesurant à peine la taille d’un pouce, ce visage lépreux, qui paraît avoir été attaqué à l’acide, est issu d’un essai infructueux. Une pièce réalisée en cire et destinée à la fonte s’est cristallisée et brisée : il en restait cette forme hiératique sans face humaine. Tiré en argent ou en bronze, cet autoportrait vient hanter la peinture de Louis Meyer tel un petit dieu à qui l’on doit le respect, une sorte de point de départ ou d’outil de travail, afin d’aboutir à un équilibre. Peut-être ce dernier est-il un peu précaire – comme en témoigne le goût de l’artiste pour les mobiles –, mais n’est-ce pas là un désir humble face à une matière toujours en mouvement ? »
Camille Paulhan, 2020
Instagram : @louishenrimeyer
louishenrimeyer.com
Gabriel SEIJAS
Né en 1994.
Diplômé des Beaux-Arts de Paris, DNSAP, atelier James Rielly, en 2023.
Regarde, regarde, ce n’est que ton reflet, 2022, acrylique et poudre de marbre, 195 x 130 cm © Gabriel Seijas
Ma pratique picturale s’articule principalement autour de la couleur ainsi que du geste. Partant d’un principe et d’une volonté d’explorer une image sensorielle qui reste fixe, je développe dans une toile une approche de la lumière et de l’espace dans la peinture. À l’aide d’artifices, telles des lignes que je trace comme on écrit des phrases, qui supposément paraissent droites alors qu’elles ne le sont pas, j’interroge le regard du spectateur, de ce qui est donné à voir, de nos émotions communes et pourtant si différentes, de la temporalité d’un lieu, d’un moment donné et vécu, qui ressurgissent telles des anamnèses. À travers une peinture qui laisse paraître une certaine rigueur, c’est tout le chemin inverse que j’entreprends, rien n’est prédéfini et les lignes verticales sont une métaphore, elles traduisent une plongée, une immersion dans la peinture et dans l’acte de peindre. L’idée d’une harmonie colorée, d’un reflet poétique et nouveau, d’un hasard par superposition de couches et de teintes, se révèle au séchage de l’acrylique dilué, parfois sans aucun contrôle de ma part. J’additionne et je soustrais des couches dans un assemblage qui conjugue recouvrement et transparence. Les lignes à main levée, la matière et les couleurs, sont des manifestations de ma porosité au monde, projetées à la surface de la toile, elles tentent de répondre à l’esthétique urbaine ainsi qu’à sa temporalité qui nous entourent, et à l’impact de celles-ci sur la perception de notre environnement en constante accélération.
Grâce à ces gestes picturaux, je remets en question ce que sont devenus les gammes chromatiques de nos villes d’aujourd’hui. Les fumées blanches et grises de nos incinérateurs de déchets, de nos voitures, de nos immeubles, de nos tours érigées aux fenêtres chromées comme un écran de ce que l’on ne peut point voir, et pourtant.
Instagram : @gab.seijas